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3.1 Construction du contenu

Tout outil communique un contenu. A partir d’éléments écrits ou iconographiques, il transmet de l’information liée à la projection des représentations liées à la santé du promoteur. Tendre vers un maximum d’objectivité est un défi constant face, notamment, aux promoteurs qui essayent parfois de faire passer leur message coûte que coûte, en orientant l’information ou en la dramatisant pour la rendre plus performante.

Pour être crédibles, vos informations (dont vous citerez les sources) seront le reflet du consensus scientifique établi autour de la question. Si une polémique existe, il faut la mentionner et l’étayer des différents arguments en présence afin de permettre au public de faire son propre choix (qui parle, dans quel contexte, avec quel point de vue ?).

Le contenu informatif doit être conçu en fonction du public final mais aussi des animateurs/formateurs qui le relayeront.

Quel sera ce contenu ?

Le groupe de travail dispose déjà de premiers éléments pour guider le choix :
- l’analyse de la situation formalisée au Temps 2 (le problème de santé, son ampleur, ses caractéristiques etc.)
- le portrait-robot du public final (sexe, âge, milieu socio-économique, connaissances, attitudes, comportements, modes de vie, croyances, accès aux ressources etc.)
- les résultats de votre première réflexion sur la manière dont vous atteindrez votre public (directement ou via des relais)



Penser à la pérennité des informations

Certaines informations (coordonnées d’organismes, ressources, personnes contact) sont très vite obsolètes. Prévoyez une possibilité de mise à jour dès la construction du contenu. Via un site Internet par exemple. Si votre institution n’en possède pas, pensez à vous associer avec un organisme présent sur le Web.

La vulgarisation est un art difficile. Les jargons professionnels foisonnent chez les experts de tous bords. Méfiez-vous aussi de la sur-information qui, par la dilution et la confusion qu’elle entraîne, peut mener à une sous-information. L’esprit critique s’impose.

Rendre disponible, pour un large public, des notions complexes et interdépendantes alors qu’il n’en possède pas forcément les pré-requis constitue un véritable défi. La tentation peut alors être de réduire l’information à un message simpliste, unidirectionnel et souvent - hélas - normatif.

Stratégie payante : la relecture par le groupe de travail, les experts scientifiques et des représentants du public destinataire et/ou utilisateur.

Rigueur et pertinence sont les deux piliers de la validité du contenu.

a- Rigueur

Exactitude, précision, justesse

Comment favoriser la rigueur
- Actualiser les connaissances présentées (attention aux chiffres qui datent !) en consultant, par exemple, des experts de la thématique. Vérifier la crédibilité des sources documentaires (un outil sur la prévention du VIH prendra en compte les dernières recherches sur les vaccins).
- Prendre en compte tous les aspects de la thématique abordée (en tout cas ceux qui sont directement reliés aux objectifs visés). Récolter des éléments provenant de champs de compétence divers et complémentaires : épidémiologie, sociologie, psychologie, environnement, consommation etc. (outre l’aspect « produit », un outil sur les assuétudes devrait prendre en compte les croyances et les valeurs).
- Prendre en compte les nuances dans le traitement de l’information en évitant le discours injonctif, normatif ou manipulateur (un jeu de table sur l’équilibre alimentaire qui oblige à choisir une « bonne » réponse par question, par exemple)

b- Pertinence

Pertinent : qui a rapport à la question, approprié, judicieux.

- Actualiser les connaissances présentées (attention aux chiffres qui datent !) en consultant, par exemple, des experts de la thématique. Vérifier la crédibilité des sources documentaires (un outil sur la prévention du VIH prendra en compte les dernières recherches sur les vaccins).
- Prendre en compte tous les aspects de la thématique abordée (en tout cas ceux qui sont directement reliés aux objectifs visés). Récolter des éléments provenant de champs de compétence divers et complémentaires : épidémiologie, sociologie, psychologie, environnement, consommation etc. (outre l’aspect « produit », un outil sur les assuétudes devrait prendre en compte les croyances et les valeurs).
- Prendre en compte les nuances dans le traitement de l’information en évitant le discours injonctif, normatif ou manipulateur (un jeu de table sur l’équilibre alimentaire qui oblige à choisir une « bonne » réponse par question, par exemple)

Comment favoriser la pertinence ?

Par rapport aux objectifs
- Démontrer le caractère « éducable » du problème de santé. Basez-vous sur votre analyse de la pertinence au Temps 2 (Par exemple, un outil de prévention des accidents domestiques à destination des enfants se réfèrera aux comportements de ceux-ci et non à ceux des adultes qui en ont la charge.).

Par rapport au thème
- Etablir le lien entre les objectifs et le contenu (Par exemple, un film traitant des conséquences du tabac sur la santé ne doit pas s’attarder longuement sur les statistiques du nombre de fumeurs dans les différents pays.).

Par rapport aux objectifs
- Etablir le lien avec les conditions de vie du public final (Par exemple, un outil visant à la réduction de la consommation des psychotropes auprès d’un public précarisé envisagera les conditions économiques et sociales à l’origine du mal-être).

Par rapport à l’actualité
- Etablir le lien entre le contenu et l’actualité. Que sait-on aujourd’hui du sujet ? (Par exemple, un jeu sur la prévention du sida tiendra compte des recommandations issues de la progression de la maladie, à savoir le nécessaire travail avec les personnes atteintes du VIH)

Par rapport à l’éthique
- Etablir le lien entre la manière de traiter l’information et l’éthique de promotion de la santé (Par exemple, vérifier l’absence de conflit d’intérêt entre promoteurs et sponsors ; ou vérifier l’absence de « manipulation » des procédés pédagogiques choisis pour l’outil (se rencontre lors de l’utilisation de l’émotionnel sans cadre sécurisant).

Idées concrètes pour augmenter la qualité du contenu de l’outil
- Rester ancré dans les préoccupations du public : travailler sur un thème ou une demande exprimés par les personnes concernées.
- Refuser les caricatures et les idées toutes faites.
- Se baser sur les représentations des personnes concernées.
- Penser à varier les sources de données (quantitatives et qualitatives, statistiques et témoignages, littérature scientifique et croyances)
- Faire valider le contenu par les « experts » et les « profanes »
- Dresser l’inventaire de ce qui existe déjà et repérer les initiatives existantes sur le terrain autour de cette thématique.
- Identifier la plus-value propre à l’outil
- Sélectionner soigneusement les sponsors (cf. Fiche 15)
- Se positionner en tant que promoteur. Préciser la motivation à créer l’outil, les modèles théoriques sous-jacents, la démarche utilisée. Identifier les partenaires.
- Limiter la marge d’intervention du « sponsor » dans le contenu.

Notez toutefois que les dimensions dites « positives » de la rigueur (exactitude, objectivité, exhaustivité) ne sont pas en soi préférables aux dimensions « négatives » (erreur, aspect négligé, parti pris). L’aspect négligé d’une thématique peut tenir à l’objectif du promoteur qui cible volontairement son outil sur un aspect spécifique de la problématique. Les erreurs et les partis pris peuvent être des stratégies pédagogiques destinées à solliciter l’esprit critique des participants.

Creative Commons License
Créer un outil by PIPSA UNMS est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité-Pas d'Utilisation Commerciale-Partage des Conditions Initiales à l'Identique 2.0 Belgique .

Adaptation du guide « Comment créer un outil pédagogique en santé : guide méthodologique »
. Auteurs : Catherine Spièce et Maïté Frérotte, du Service Promotion de la Santé de l'UNMS ; Chantal Vandoorne et Sophie Grignard, de l'APES-ULg (Bruxelles, 2004).